synagogue

Le terme français synagogue dérive du grec sunagôgê (du gr. sun agô, soit « aller ensemble » et donc « se rassembler ») et entend traduire le mot hébreu « beth-ha-keneseth » (litt. « maison de réunion, de l’assemblée »), parfois « beth-ha-tephila » (« maison de prières », d’où le grec proseuchê en Ac 16, 13) et tend, par métonymie, à désigner les réunions s’y déroulant comme l’assemblée y célébrant.

 

La synagogue est articulée (en tension, en rythme) avec le Temple de JÉRUSALEM, seul lieu de la présence divine depuis la réforme deutéronomiste (c. 621 av. J.-C.), seul lieu de culte et de sacrifices, centre de trois fêtes annuelles de pèlerinage. La seconde destruction du Temple (70 ap. J.-C.) voit d’avènement de la synagogue comme centre de la vie religieuse juive.

 

Aux temps de JÉSUS, le réseau synagogal en GALILÉE (Cf. Mc 1, 21; 6, 2), en JUDÉE1 et au-delà (Cf. Ac 9, 2-20; 13, 5.14; 15, 21, etc.), est dense et ancien. Il fut sans doute institué au retour d’Exil (587-538 av. J.-C.), peut-être sous l’impulsion d’ESDRAS, puis amplifié par le développement du mouvement pharisien au 2éme siècle avant J.C. Si certains historiens voient ses origines aux temps de l’exil (Cf. Ez 8, 1; 11, 16; Ps 74, 8), dans la Diaspora, les auteurs rabbiniques cherchèrent à enraciner cette institution nouvelle chez les prophètes préexilique (Cf. Is 8, 16), lors de la réforme deutéronomiste du roi JOSIAS (Cf. Jr 39, 8), voire même au temps de MOÏSE2.

 

La vie synagogale s’organise autour des grandes fêtes du calendrier et de trois célébrations / instructions hebdomadaires, les 2ème, 5ème jours de la semaine ainsi que le jour du sabbat (Cf. Ac 15, 21). Le déroulement des assemblées n’est pas connu précisément. Il est possible cependant d’en indiquer les grandes parties :

  • on prie : récitation du Schema (Cf. Dt 6, 4-5; Nb 15, 37-41) et du Schemoné Esré);
  • on lit en hébreu et traduit (Targoum) la Loi (un seder, i.e. un des 153 Sedarim définis par le lectionnaire tri-annuel, lu par sept hommes);
  • on lit, traduit les prophètes (haphtare = trois versets choisis par le lecteur ; Cf. Lc 4, 16-22 ; Ac 13, 15) compris comme « parole d’accomplissement »;
  • un assistant commente (midrasch) assis (Cf. Lc 4, 20) les lectures;
  • on reçoit la bénédiction sacerdotale (si un prêtre est présent).

 

Il est aussi possible d’y prier trois fois par jour :

  • au matin (Schaharith);
  • durant l’après-midi (Cf. Ac 3, 1);
  • le soir (Arbith).

 

Enfin, on y pratique la circoncision, les mariages, les enterrements.

 

Matériellement, la synagogue paraît souvent construite en un lieu facilement repérable, par exemple en l’espace le plus élevé, ou parfois, à l’écart, le long d’un cours d’eau3. L’édifice est alors un bâtiment très simple, composé de deux éléments principaux :

  • un ensemble de bancs, dont certains peuvent être réservés aux responsables ou aux lecteurs (Cf. Mt 23, 6), et un siège particulier pour l’homéliste (chaire de MOÏSE);
  • un espace (Cf. Lc 4, 17-20) parfois orienté vers JÉRUSALEM afin d’entreposer les rouleaux sacrés (armoire, coffre, jarre, ou petite salle latérale). Il semble que hommes et femmes étaient séparés.

 

L’ouverture  et l’organisation des activités synagogales nécessite un quorum, le minian, de dix hommes adultes (dix batlanim)4.

 

L’administration de la synagogue est placé sous la responsabilité d’un collège de prud’hommes (souvent appelés « anciens »), ayant autorité de police (Cf. Lc 6, 22; Jn 9, 22; 12, 42; 16, 2). La vie quotidienne (organisation des assemblées, surveillance; Cf. Lc 13, 14) était assurée par un responsable, l’archisunagogos (Cf. Mc 5, 22 ; Ac 13, 15 ; Hb « Rosch-ha-keneseth »). L’organisation matérielle, la catéchèse auprès des enfants et l’administration des peines (fustigation; Cf. Mt 10, 17; 23, 34; Mc 13, 9; Ac 22, 19) était confiées à un officiant ou sacristain, le sheliach hazzibbor (= ange de l’église ; Cf. 1 Co 11, 10 ; Ap 1, 20), parfois appelé en grec huperetês (Cf. Lc 4, 20) ou encore episkopos.

 

  1. Plus de quatre cents synagogues recensés, non sans possible exagération, par un traité de la Mishna à JÉRUSALEM avant 70 EC; Cf. Keritot 105a. Voir aussi Ac 6, 9; 24, 12. []
  2. Voir PHILON d’ALEXANDRIE, De Vita Mosis, III, 27; FLAVIUS JOSÈPHE, Contre Apion, II, 17, etc. []
  3. Cf. Ac 16, 13, si l’on retient que ce « lieu de prière » est une synagogue, peut-être pour favoriser les lustrations et rites de purification ? []
  4. Voir Meguila 1, 3, soit une source rabbinique du 2ème siècle EC. []